mercredi, septembre 22, 2004

La bouilloire recouverte d'émail noir

La bouilloire recouverte d’émail noir parsemé de petites étoiles jaunes, dans laquelle croupirent des ailes de sauterelles, se remémore sa jeunesse, lorsqu’elle servait encore du thé à ces messieurs anglais. La bouilloire recouverte d’émail noire a perdu sa passoire et son fond a brûlé au fil des années. Enfermée dans un placard, elle broie du noir, la petite bouilloire recouverte d’émail noir. Lorsqu’un soir, un petit mouchoir frotte ses parois et la nettoie. C’est un gamin accompagné d’un chat noir qui a bon espoir d'en faire un chaudron magique, pour faire de la magie... noire.

Trop de fumée sans feu

Dans ma vie, j'ai trop fumé, des cigarettes de tabac, des stick roulés à la main avec du shit de chien, et même des gros cigares noirs.
Dans ma vie sans miroir, pas de hasard, tout était bien ordonné, fumer du soir au matin, ne s'inquiéter de rien, sauf de fumer. La fumée a fini par éteindre le feu, logé au creux de mon âme, le feu de la vie qui anime, la flamme de l'espoir, d'une vie meilleure, d'aller voir ailleurs.

mardi, septembre 21, 2004

Le temps des artistes

Le temps appartient aux gens qui le font, à ceux qui figent l'instant dans la durée, à ceux qui inventent des modes sur lesquels se composent et se conjuguent les jours, les mois, les années.
Le temps n'existe que si on le pense, ceux qui le savent, le sculptent pour la postérité, pour ne pas avoir à utiliser un jour le conditionnel, pour vivre éternellement dans le présent simple.
Les gens sensibles sentent l'air du temps, les gens-artistes se l'approprient et les autres vivent, profitant parfois des premiers.
Ceux qui pensent se font, ceux qui sentent sont malheureux et ceux qui vivent, vivent.

mercredi, septembre 15, 2004

Le chien bleu

Chien tourne sur lui-même, se mord la queue et meure asphixié.
Âme-éponge se déssèche loin de la mer amoureuse.

Paris s'embue à travers les goutelettes de pluie sur la vitre du bus
Septembre me rentre la tête dans les épaules, les mains dans les poches
Et la poèsie est mon petit, mon minuscule point de vie, point virgule
Dans mon costume de lin et de viscose bleu de chine et bleu déteint

Chat flou tout doux en noir et blanc se prélasse sur mon fond d'écran
Corps-étoffe se couvre de crème, de soins, de câlins

Montreuil referme ses portes, se replie sur mon appartement-cocon
Le ryhtme s'accélère, se réduit, mon coeur s'emballe, ballonement
Je frêne des talons sur le sol qui m'échappe, chape de plomb
Respirer, se détacher, longue inspiration, expire très lentement

Les papillons d'argent voltigent autour des lobes de mes oreilles
Le temps éternel ouvre ses ailes et nous emporte avec lui

Le vent gonfle sa poitrine pour détacher les premières feuilles d'automne
Les enfants sortent enfin de leur tannière, avec plein de provisions scolaires
Nos mains liées à travers les journées et les nuits tissent chaleureusement
Songes et espoirs, puis tu te tournes et me donnes un baiser

mardi, septembre 07, 2004

Rêve d'automne

Lorsque mon visage baigne dans la lumière bleue ordinateur et que mes yeux se dessèchent tels des papillons cessant leurs battements d'ailes pour mieux absorber la lumière qui les attirent et les brûlent. Dans ces moments, je clos mes paupières mentales, je ferme les volets de mon âme et je m'imagine au bord de la mer. De gros grains de sable gris et blancs forment un coussin moelleux qui s'étend à l'infini, de grosses vagues ondulantes aux crêtes écumantes déferlent jusqu'à la plage, puis se retirent dans un mouvement continu, au rythme d'une berceuse. Elle fait chavirer mon quotidien parisien. Je respire le parfum des embruns. Le sable masse mes pieds usés. Le ciel dépose sur mes épaules son châle automnal parsemé de nuages argentés. La mer qu'on voit danser le long des larges plages. À mon cœur ébahi elle est à l'image rassurante de l'enfant dans le giron de sa mère aimante.

jeudi, septembre 02, 2004

Non-sens poésie

Pétrole, gaz, roche, minéral, végétal, solaire, air, étincelles, électricité. Articulations douloureuses des phrases vides, seul compte le son, l'impact des consonnes, le tressaillement des voyelles. Elles lient les mots, dansent entre elles, chuchotent et glissent dans un froissement de consonnes. Abruptes les césures, les coupures, les enchainements, dénués de sens, sculptés au couteau cérébral. La non-sens poésie fleurte avec les non-dits, heurte l'ouïe. S'entrechoquent les idées, comme des rocs évidés de leur coeur minéral, ensemble presque chorale.

mercredi, septembre 01, 2004

Energie

Je scrute, je reniffle
Je veux débusquer la vitale energie
La pulpe juteuse du fruit gorgé de vie
Les balades, les éclats de voix
Les mélodies qui sortent de toi
se glissent dans l'espace jusque dans mon antre infini
Les vibrations ondulent, se fraient un chemin,
s'enroulent autour de mes poignets, de mes mains
Berceuses ennivrantes, chuchotements ou cris
La musique rythme mes palpitations
Le sang pulse dans les veines de mon front
Je marche de plus en plus vite,
suivant les battements des bits
Mon corps électrique vibre tout entier
Et danse sur les sons magnétiques
Les energies spectrales se heurtent,
Se chamaillent et se fondent
La lutte est féconde.